RECHERCHE ET DEVELOPPEMENT.
L'innovation est dans l'ADN de notre secteur. C'est le moyen par lequel nous améliorons la vie des patients, faisons évoluer la façon dont nous gérons les soins de santé et profitons à la société dans son ensemble. Mais notre gène de l'innovation n'est qu'un début. L'exprimer - découvrir et mettre au point des traitements qui permettent de soulager la souffrance, de prolonger la vie et d'en améliorer la qualité - exige du temps, des personnes compétentes, des ressources importantes, une collaboration entre les secteurs et les frontières et une expérimentation souvent sans fin pour trouver de nouvelles percées.
Le développement de nouveaux médicaments est un processus long, complexe et risqué, sans garantie de succès. Tout commence par une idée. De 10.000 molécules criblées à 10 qui feront l'objet d'un dépôt de brevet et 1 qui parviendra à passer toutes les étapes de tests et d'essais cliniques pour devenir un médicament, le chemin de l'innovation au malade est long (douze ans en moyenne), complexe et coûteux. Ce parcours comporte un certain nombre de phases.
- Découverte et recherche préclinique
Au stade le plus précoce, il s'agit de comprendre une maladie et la manière de l'influencer, d'identifier une molécule ou un composé à développer, pour voir s'il a le potentiel de se transformer en un médicament qui peut changer la vie des patients.
Le candidat médicament traverse tout d'abord une série de tests dits «précliniques». Ces essais sont des passages obligés avant toute étape de test sur l'homme.
• La pharmacologie expérimentale : des essais d'efficacité sont réalisés sur des systèmes moléculaires inertes, sur des cellules et cultures et, enfin, sur des modèles animaux. C'est la première preuve de concept.
• La toxicologie : ces études évaluent les risques d'effets secondaires des futurs médicaments.
• La pharmacocinétique et le métabolisme du médicament : ces études portent sur des propriétés pharmaceutiques de la molécule telles que l'absorption, le métabolisme, la distribution et l'élimination. Mais elles ont aussi pour but de prouver les propriétés pharmacologiques.
Si les résultats de ces études sont positifs, le médicament entre en phase d'essai clinique sur l'homme.
2. Le développement clinique
Afin de lever d'autres incertitudes concernant les avantages et les risques d'un nouveau traitement, celui-ci doit être testé dans le cadre d'un essai clinique. Avant de se lancer dans le processus d'essai clinique, généralement en trois étapes, une entreprise ou un établissement universitaire doit soumettre un protocole à une évaluation réglementaire, qui détaille le déroulement de l'essai. Le protocole est évalué par un comité d'éthique, qui se compose d'experts indépendants et de représentants du public profane.
Seul un médicament sur dix atteint le stade des essais cliniques. Cela commence par un petit essai sur des volontaires sains (phase 1) avant de passer à des essais de plus en plus importants en phase 2 et 3. Il s'agit souvent d'essais multicentriques impliquant parfois des milliers de patients, menés dans plusieurs pays et régions et dont l'objectif est de déterminer si le nouveau médicament est sûr et efficace. Tous les essais doivent être enregistrés dans la base de données accessible au public avant le début de l'essai.
Ces trois phases sont réalisées en milieu hospitalier ou en cabinet médical, sous la responsabilité de médecins experts : les investigateurs.
PHASE 1 : TOLÉRANCE OU INNOCUITÉ
Des quantités croissantes de la nouvelle molécule sont administrées à des volontaires sains, sous surveillance étroite. Cette phase permet d'évaluer les grandes lignes du profil de tolérance du produit et de son activité pharmacologique.
PHASE 2 : EFFICACITÉ DU PRODUIT SUR DE PETITES POPULATIONS ET RECHERCHE DE DOSE
Cette phase se déroule chez un petit nombre de patients hospitalisés. Il s'agit, ici, de définir la dose optimale, c'est-à-dire celle pour laquelle l'effet thérapeutique est le meilleur avec le moins d'effets secondaires. Les études de preuve du concept servent à valider une nouvelle hypothèse de traitement chez le patient.
PHASE 3 : ÉTUDES "PIVOTS"
Dans des conditions aussi proches que possible des conditions habituelles d'utilisation des traitements, l'efficacité et la sécurité sont étudiées de façon comparative au traitement de référence ou à un placebo. Cela est vérifié sur un grand groupe de malades. Précautions d'emploi et risques d'interaction avec d'autres produits sont identifiés. Les essais peuvent couvrir de plusieurs centaines à plusieurs milliers de patients.
Tous les essais cliniques menés dans l'Espace économique européen doivent être réalisés dans le strict respect des directives relatives aux bonnes pratiques cliniques (BPC), une norme internationale de qualité éthique et scientifique pour la conception, l'enregistrement et le compte rendu des essais impliquant des sujets humains. Le respect des BPC signifie que les droits des sujets sont respectés et que les données des essais cliniques sont fiables. De même, le respect des lignes directrices sur les bonnes pratiques de fabrication (BPF) doit être assuré afin que les produits soient fabriqués de manière cohérente et contrôlés selon des normes de qualité.
Au cours d'un essai, les patients sont séparés au hasard en deux groupes communs. Cette randomisation permet de s'assurer que tous les résultats enregistrés sont dus aux traitements fournis et non à la méthode de sélection des patients. Un groupe reçoit le médicament ou la procédure de traitement à l'étude, tandis que l'autre groupe - le groupe témoin - ne le reçoit pas. Le groupe témoin peut se voir proposer une alternative au médicament à l'étude - y compris la meilleure thérapie existante ou, si elle n'existe pas, un placebo. Les essais doivent porter sur une grande variété de patients auxquels le traitement est destiné, notamment des groupes ethniques, des enfants et des personnes âgées.
Dans la plupart des essais, les patients ne savent pas s'ils reçoivent le traitement à l'étude ou un placebo/une autre thérapie connue. Ce processus est connu sous le nom d'aveuglement. Il peut également être interdit aux professionnels de la santé participant à l'essai de savoir quel patient fait partie de quel groupe ; ce processus, en plus du premier, est connu sous le nom de "double aveugle". Cela permet de protéger l'essai contre toute forme de partialité.
Une fois l'essai terminé, une équipe de chercheurs indépendants et impartiaux en analyse les résultats. Un résumé de l'essai, que son résultat ait été positif ou négatif, doit être divulgué dans une base de données accessible au public.
Seuls les médicaments «originaux» issus de l’industrie pharmaceutique innovante traversent ces longues étapes.
La version «générique» d'un médicament est une copie de la molécule d'origine. Elle ne repasse pas ce long cycle d'essais.
3. Approbation réglementaire
Les informations et les résultats de toutes les études précliniques et cliniques, ainsi qu'une description du processus de fabrication du médicament, sont compilés et soumis aux organismes de réglementation afin de démontrer la sécurité et l'efficacité du nouveau médicament. Cela constitue une demande d'autorisation de mise sur le marché (AMM), permettant au médicament d'être mis sur le marché et aux patients d'y avoir accès.
Une fois qu'un médicament a reçu une autorisation de mise sur le marché, il est soumis à un contrôle strict visant à détecter tout problème potentiel de sécurité ou de qualité. Ce processus est connu sous le nom de pharmacovigilance et doit être entrepris conformément aux bonnes pratiques de pharmacovigilance (BPV), un ensemble de mesures définies par l'UE. Il incombe à l'entreprise qui a obtenu l'autorisation de mise sur le marché de collecter et de rassembler en permanence les données relatives à la sécurité, à la qualité et à l'efficacité du médicament. Toutes ces données sont ensuite accessibles par les organismes de réglementation.
4. La pharmacovigilance
La sécurité du médicament est une préoccupation permanente des entreprises du médicament. Une fois le médicament dispensé aux malades, la pharmacovigilance l'accompagne pendant toute son existence et sera aussi l'objet de procédures rigoureuses.
Tout accident de santé lié à la prise de médicaments est signalé dans un délai obligatoire aux instances réglementaires.
Les entreprises remettent également un rapport sur le suivi du médicament tous les six mois, pendant les deux premières années de la vie du médicament, puis tous les ans, pendant les trois années suivantes, et enfin tous les cinq ans, tant que ce dernier est commercialisé.
5. Données sur l'utilisation des médicaments
Les données collectées auprès des patients et de leur utilisation des médicaments permettent de mieux comprendre les maladies et les patients et d'éclairer la découverte et le développement de nouveaux traitements ou de traitements optimisés.
UN EFFORT DE RECHERCHE MAJEUR, AUTOFINANCÉ PAR LES ENTREPRISES
Le développement de milliers de nouveaux médicaments au cours des cinquante dernières années a été financé par l’industrie pharmaceutique innovante et par leur capacité à accroître leurs dépenses de R&D. L'innovation thérapeutique présente à la fois un coût élevé et un risque financier majeur : le temps nécessaire à la recherche mobilise d'importants capitaux sur une longue période, pour un résultat incertain. Peu de médicaments génèrent des gains suffisants pour couvrir l'ensemble des coûts de recherche et de développement engagés.
En outre, les entreprises ne peuvent compter que sur un nombre limité de médicaments pour financer leur R&D future. La diversification du portefeuille de produits des entreprises permet de minimiser le risque associé à chaque médicament. Ce phénomène explique les rapprochements récents, grâce auxquels les entreprises réalisent des économies d'échelle.
Aujourd'hui, la protection des molécules par un brevet est l'une des garanties du financement de la recherche future, donc du développement de nouveaux médicaments vitaux, au meilleur rapport coût/efficacité.
LES DÉPENSES DE R&D REPRÉSENTENT EN MOYENNE 9,8% DU CHIFFRE D'AFFAIRES DES ENTREPRISES DU MÉDICAMENT
L’industrie du médicament est l'un des secteurs économiques dont l'effort de recherche est le plus important.
Le budget total consacré à la recherche est certes inférieur, en valeur absolue, à ceux de l'automobile et de la construction aéronautique et spatiale, mais il représente 10% du chiffre d'affaires de l’industrie pharmaceutique innovante en 2017, contre seulement 4,8% pour l'automobile.